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Inverser la donne
Inverser la donne
  • La ville sont nées au détriment des campagnes qui se meurent. Les villes vont mourir et la campagne renaître. Les uns assisteront à la douleur d'un enterrement pendant que les autres fêteront une naissance dans l'alégresse. Faite le bon choix.
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Inverser la donne

CHANGEMENT DE SOCIETE, NOUVEAU PARADIGME ?

Voici quelques textes et avis sur ce sujet. A méditer.

Et vous qu'en pensez-vous ? Utopie ou pas ?

Merci aux auteurs de ces textes de m'avoir autorisé à les publier.

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ET VOUS? QU'ATTENDEZ-VOUS POUR VOUS ENGAGER ?

Auteur : Caleb Irri, 17 septembre 2012. Son sitehttp://calebirri.unblog.fr

 

Lorsque je demande autour de moi ce qui serait susceptible de les faire « bouger », la plupart de mes interlocuteurs me répondent qu’ils en ont déjà assez, mais qu’ils iront « quand les autres y seront allés ». Et c’est tandis que j’interrogeais un ami qui passait par là qu’il me répondit tout de go par cette variante : « j’irai quand tu y seras allé ».

 

Me voilà donc coincé : cela fait maintenant plus de quatre ans que je pratique le blog de façon plus ou moins intensive, lançant par-ci par-là quelques perches, à vrai dire sans grand espoir de réussite. Mais cela ne m’engage jamais à rien, et me rapporte seulement une sorte de « bonne conscience » à peu de frais . « J’ai fais ce que j’avais à faire », me dis-je plein de compassion pour moi-même, et puis « si rien ne bouge après ça ce ne sera pas de ma faute »… Je lis Paul Jorion, Olivier Berruyer, Frédéric Lordon, Georges Ugeux et plein d’autres encore ; je m’informe dans plein de journaux, j’écoute la radio, tous les jours sans faute. J’envoie parfois des commentaires indignés, souvent des liens vers mes propres articles, espérant désespérément déclencher chez mes lecteurs « l’étincelle » qui emballerait tout… Et à part ça ?

 

Et c’est sans surprise que certains de mes commentateurs me raillent justement sur ma naïveté. Car ce n’est pas comme ça que les choses se passent.

 

« Se reposer ou être libre, il faut choisir » disait Thucydide. Et bouger, c’est risquer quelque chose, lui ajouterai-je sans vergogne du haut de mon impudence ; c’est se mettre en danger, son petit confort et ses petites habitudes, ses convictions peut-être…

 

Alors on préfère aller manifester, en s’achetant pour pas cher une tranquillité qui confine à la lâcheté : cela n’engage à rien – et c’est justement ça le problème. Car si nous ne sommes peut-être pas responsables des événements qui nous oppressent, nous sommes coupables de ne rien faire pour l’empêcher.

 

Parlons du Bankrun par exemple. Pour ma part je n’irai pas si je suis le seul à le faire ; je sais que tout le monde pense comme moi, et c’est pour cela qu’il ne se passera rien. Je ne peux tout de même pas prendre le risque de me nuire à moi-même !
Tandis que si j’étais certain des autres, j’irai tout aussi certainement qu’eux. J’en conclue donc qu’en réalité ce n’est pas simplement « quand les autres y seront allés » que j’irais, mais quand je serai sûr que les autres iront aussi. Et cela change tout.

 

Cela implique la confiance en « l’autre », ce qui sous-entend déjà une certaine forme de « lâcher-prise » de notre part, un engagement moral envers les autres qui eux-aussi vous font confiance. Car si nous savons qu’il suffirait que nous nous rassemblions tous derrière une action unique et coordonnée pour qu’elle fonctionne, nous sommes pour le moment incapables de croire sérieusement que cela arrive. Et pourtant « nous sommes les 99% », comment pourrions-nous donc ne pas réussir ?

 

Avant toute chose c’est donc la confiance qu’il nous faut retrouver. La confiance est le préalable à l’engagement, plus fort que l’indignation. L’engagement est un risque, une mise en danger, mais en même temps le chemin du retour à la liberté. C’est presque une révolution intérieure qui transpirerait à l’extérieur, une remise en cause empirique des lois du capitalisme : faire confiance aux autres, dans ce monde où l’intérêt individuel prime sur toutes les autres considérations, imaginez le renversement de paradigme !

 

Avec les conséquences que cela implique. Car si nous parvenions à rassembler réellement tous les mécontents que compte le monde capitaliste, c’est le système tout entier qui se retrouverait obsolète en un instant… Avec les incertitudes que cela comporte, avec la frayeur que procure toujours l’inconnu, mais aussi avec l’espoir qu’il suscite. C’est cela s’engager. C’est répondre à la question initiale par « je ne sais pas ce qui va se passer, mais je suis sûr de ne pas vouloir ce qu’on m’impose aujourd’hui ».

 

Maintenant, comment faire pour retrouver la confiance, et comment rassembler les millions, les dizaines ou les centaines de millions de mécontents autour de cet objet qui nous est commun à tous, le refus de voir nos conditions de vie se dégrader, pour nous et pour nos descendants ?

 

Et bien pourquoi ne pas juste commencer par faire le premier pas ? Juste un petit pas, celui qui dirait à tous « moi aussi, j’en suis ». Un premier pas qui permettrait à tous de « se compter », pour que le jour où il faudra agir vraiment, pour un bankrun ou pour une autre action qu’il plaira au peuple de mener, nous sachions tous que nous pouvons compter les uns sur les autres pour y participer vraiment.

 

Ensuite, il faut un média capable de rassembler plusieurs millions de citoyens derrière une seule et même volonté, mais qui le possède ? Personne ?

 

Et bien si, tout le monde ou presque ! Facebook , twitter, google+ et les autres, le « bouches-à-oreilles », le mailing, les blogs et sites, nous avons LE média qui convient (encore pour le moment à notre disposition) capable de réunir et rassembler les hommes et d’instaurer cette confiance qui nous manque tant. Il nous faut aussi un site, un vrai, sans parti ni idéologie, juste un site de recensement des « bonnes volontés », réunies autour d’une seule chose : la volonté de faire bouger les choses, la volonté d’en finir avec ce système injuste qui veut nous asservir chaque jour un peu plus. Et une fois que nous serons suffisamment nombreux pour dépasser le seuil de basculement qui permet d’obtenir « la force du nombre », rien ne nous sera impossible.

 

Que ceux qui ont les capacité techniques de mettre un tel site en marche me contactent, et que tous ceux qui « veulent faire quelque chose » -mais qui attendent les autres- fassent un premier pas qui ne coûte rien, celui de diffuser cette information : « nous avons confiance en nos concitoyens, et s’ils s’engagent sur le site pour participer à un grand mouvement contestataire , nous irons avec eux ». Ce premier pas une fois réalisé, il ne fait aucun doute que les autres suivront aisément : car alors la peur qui nous terrorisait et nous empêchait d’agir disparaitront : nous saurons que nous ne sommes pas seuls… Et nous pourrons enfin avancer.

 

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UN "NOUS", LE DEVENIR

Auteur : Nicolas Zurstrassen, 23 Décembre 2012.

Source : http://www.legrandecart.net/author/nioolaszurstrassen/

 

  • «L’idée d’un changement de société est devenue impossible à penser, et d’ailleurs personne n’avance sur le sujet.  Nous sommes condamnés à vivre dans le monde où nous vivons. » - François Furet,  année de ma naissance
  • « Le sens de l’histoire lui-même n’a pas lieu seulement sur la scène historique, dans les hauts faits et les méfaits des agents ou des acteurs qui s’y illustrent, mais aussi dans le sentiment des spectateurs obscurs et lointains (la salle de l’histoire) qui les regardent, les entendent, et qui distinguent dans le bruit et la fureur des res gestae ce qui est juste et ce qui ne l’est pas » - J.-F. Lyotard, « L’enthousiasme », un an après

Notre existence, celle des bipèdes surgis au crépuscule du triste siècle dernier, peut être décrite comme celle qui vient toujours « après ». Trop tard. Toujours déjà passée.

Condition postmoderne a pu écrire J.-F. Lyotard : celle qui se caractérise par « la fin des grands récits », par l’essoufflement de toute perspective globale quant à ce que nos aïeux ont pu appeler « Histoire » ou « Savoir ». Fin de l’Histoire, fin des idéologies, fin des utopies, fin du mythe du progrès, …

Nous baignerions enfin dans les eaux tièdes de la Fin, dans l’amniotique liquide des démocraties libérales, chantres de la mesure et de la bonne gouvernance du troupeau humain. On gère!

Après les camps de la mort rationalisée, après les folies guerrières de quelques illuminés, après les théories et les techniques mises au service des pires atrocités, on ne peut plus faire les malins : on nous demandera simplement de jouir, d’un peu travailler, de nous divertir. (1)

There Is No Alternative. « Nous » sommes venus au monde dans cette terreur molle, cette démocrature auto-glorificatrice.

Nos affects passionnés pour d’autres mondes possibles sont priés de se laisser canaliser dans un  fade contentement. Le désir proliférant, la révolte viscérale, les raisons de la colère sont renvoyés au mieux à l’imaginaire, sinon à l’impossible meurtrier.

Voici venu le temps des rires et des champs nihilistes… : tout est dans tout, tout se vaut, et chacun son opinion. Nous pouvons tout dire, tout penser, mais surtout- surtout !- que rien ne change vraiment.

Misère de l’absence de misère ?

Foutaises.

Nous avons près de vingt ans,  ces années v(i)olées.

« Jouissez ! » (du néo-fascisme)

« Jouissez ! » Voilà la pire des injonctions, la plus perverses des répressions (2). Ce qui contrevient à une telle « invitation » se voit directement codifié comme une pente d’enfant gâté. Gâtés? Abîmés en fait…

« Nous », ce que nous vivons avec tremblement,  c’est l’administration du désastre, la gestion de la catastrophe, la plus extrême séparation, la normalose dépressive des métropoles, une innommable  dé-filiation d’avec les acteurs des luttes passées nous plongeant dans l’incapacité léthargique de rencontrer quelque territoire d’action un peu plus large qu’une souscription à telle ONG ou l’achat d’une marque de café équitable et biologique.

Ce n’est pas nouveau, certes. Mais c’est de là que nous partons : de cette congélation  des possibles diagnostiquée par P.P.Pasolini sous le nom de néo-fascisme. C’est-à-dire, fondamentalement, une machine capable de recycler les codes d’émancipation en axiomes de répression.  Les frontières qui définissent ce nouveau régime de pouvoir sont extrêmement difficiles à circonscrire.

Comme si le Capital était devenu, au terme du long processus historique d’auto-accomplissement de l’Occident, la figure destinale et naturelle, débordant les limites des Etats jusqu’à s’étendre au monde dans sa globalité, aux confins de la Terre.

Comme si l’Occident se mondialisait tout en disparaissant lui-même, entraînant avec lui la figure de la démocratie telle qu’elle s’était jusque-là réalisée en lui, accouchant ainsi d’une étrange figure du pouvoir, trans-étatique et trans-nationale, que le vocable même de démocratie ne parviendrait plus à nommer.

Comme si en fin de compte la globalisation du monde par le capitalisme contemporain avait subrepticement – à mesure que les Grands Récits d’émancipation politique de la Modernité s’étaient les uns après les autres exténués et effondrés – occupé le lieu vide du pouvoir dit démocratique, en lui substituant le seul « divin marché » (3).

Pris dans ses filets, nous voilà comme envoûtés par ce fonctionnement cyclopéen qui ne laisse rien ni personne indemne, aspirant l’entièreté de l’existence jusqu’au plus profond de son intimité.

Passé glacé, avenir empaqueté : nous sommes ici

Mais absorber l’adversaire, intégrer la critique, rassembler les marges ne constituent pas la logique interne fatale du capital ainsi que le soutient l’air du temps post-moderne dont nous parlions. Ce poison qui nous fut inoculé du dehors.

Retournement.

Les gloses pro- et rétro-spectives qui saturent l’espace depuis que nous sommes venus au monde, celles du marché et du patrimoine, de l’histoire officielle et de la course à l’innovation, mais aussi de la « résistance » ont en commun leur cécité quant aux ruptures douces, ou écoulements imperceptibles, aux transformations silencieuses.

Elles tracent les figures imposées du passé et de l’avenir, avec leurs leçons et leurs lignes droites, pendant qu’un présent impensable dissimule le feu d’artifice de révolutions grouillantes : nouvelles formes de vie, dispositifs inédits, agencements collectifs, puissances d’expression.

Prospection et rétrospection sont donc nécessairement du côté de la domination, qu’il s’agisse de ne croire qu’au monde tel qu’il est, hérité d’hier et bannissant les possibles, ou de ne croire qu’en un autre monde possible, horizon asymptotique qu’ont fait miroiter à leurs ouailles des générations de prêcheurs.

L’aptitude à croire au monde au sens fort que lui donne G.Deleuze, nous l’acquérons tous les jours : non pas croire en sa transformation ou en sa légitimité en l’état, mais en ses trouées d’où débordent les incontrôlables, en ses béances multiples par lesquelles on peut faire fuir une société dont l’homogénéité n’était qu’illusion.

« Croire au monde », à toute la positivité du désir, consiste avant tout à refuser à la fois de l’accepter aujourd’hui et d’en remettre à demain le chambardement. Double refus qui seul peut commencer de conjurer la honte de ce qui est infligé à « notre génération ».

Minorités, lignes de fuite, puissances des devenirs : ingrédients d’une révolution permanente, sans forme stable : « l’Avenir de l’histoire et le Devenir actuel des gens, disait Deleuze, ce n’est pas la même chose».

Nous avons près de vingt ans, nous avons tous les âges,… et nous devenons. Les puissances anonymes peuvent s’entendre comme l’autre nom de ce qu’on appelait jadis l’histoire par le bas, l’histoire plurielle des vaincus.

Angelus novus

Notre existence, celle des êtres non-inhumains engendrés au terme du pitoyable vingtième siècle, peut ainsi être produite comme celle qui vient « au milieu». Re-génération. Re-filiation. Rebattage des cartes sur la table du Grand Jeu.

W.Benjamin, parlant de L’Angelus Novus de P. Klee disait: la « figure enroule et déroule le futur dans le passé », entraîne « l’individu dans l’histoire comme sur le chemin du futur antérieur. ».

Nous devenons ce futur antérieur.

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Notes :

(1) Bercés par le « tittytainment … explicite expression forgée par le conseiller (Z.Brzezinski) du président états-unien d’alors (J.Carter) : un cocktail de divertissement abrutissant et d’alimentation suffisante permettant selon lui de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète.  La promotion de ce breuvage soporifique allait de pair avec le mythe de la « fin du travail » (J.Rifkin). Nous en voilà bien revenus !

(2) Comme de nombreux ouvrages de Slavoj Zizek le montrent avec drôlerie, nous serions passés de l’injonction moderne (kantienne) « tu peux parce que tu dois ! » à l’impératif postmoderne – paradoxalement bien plus répressif  – « tu dois parce que tu peux ! ».

(3) Expression de D.-R.Dufour, lequel insiste fort bien sur le « vide » d’un tel pouvoir. Un vide nécessaire cependant aux êtres néotènes que nous sommes, qui peut être comblé de diverses manières, plus ou moins « d’hommestiquantes » ou émancipatoires

 

 

 

 

 

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